Mon top Spotify 2020
Lorsque le mois de décembre pointe le bout de son nez, il est impossible d’y échapper. On a beau s’y préparer, on en est quand même submergé. Et même si vous pensiez l’esquiver, il surgit par surprise. Il ne s’agit ni du calendrier de l’Avent, ni de votre liste de cadeaux pour la belle-mère, ni même de votre oncle raciste lors du Réveillon. Il s’agit simplement… De Spotify Wrapped.
Mais si, vous savez. Le résumé Spotify de votre année musicale ou de celle de vos amis. Ce top des titres et des artistes les plus écoutés de l’année écoulée qui inonde stories Instagram, murs Facebook ou timelines Twitter.
Accessible chaque année depuis l’application, sa forme et son contenu changent légèrement mais les informations mises en avant sont toujours les mêmes. À la fin de cette animation savamment scénarisée, on peut partager sur les réseaux sociaux une infographie où l’on retrouve le nombre de minutes d’écoute, notre genre préféré, mais surtout le top 5 de nos artistes et titres préférés.
Évidemment, je suis tout à fait le type de gars à me délecter de ce genre de statistiques plus ou moins utiles, et je me suis fait un plaisir d’emmerder tout le monde de partager au plus grand nombre ce que l’algorithme Spotify m’a concocté pour 2020. Et le moins que je puisse dire, c’est que la scène française y a une place primordiale.
Mes artistes préférés
Cette fois-ci, pas de Bad Religion dans le classement. Le groupe punk californien caracolait pourtant en tête de mes artistes les plus écoutés sur la plateforme de streaming suédoise lors des trois années précédentes. Cela a donc pris fin en 2020. Mais il faut savoir faire de la place aux autres, de temps en temps.
Zabriskie Point
Une figure incontournable du punk français des années 90, et depuis quelques mois seulement en streaming. Groupe que je connaissais de nom, de réputation, mais dont je n’avais encore trop peu entendu le travail. C’était l’occasion d’organiser une session de rattrapage.
Si des groupes comme Justin(e), Charly Fiasco ou Guerilla Poubelle (pour ne citer qu’eux) ont choisi de s’exprimer dans la langue de Molière, mon petit doigt me dit qu’ils le doivent en grande partie aux Zab’. On retrouve clairement la recette qui a fait la légende du groupe nantais : de l’engagement politique, de la philosophie et une écriture littéraire. Sur le strict plan musical, on est aussi dans une veine similaire.
En 7 années d’existence, 4 albums et une poignée d’EP, splits, compilations ou albums live en tout genre, le groupe aura marqué de son empreinte la scène punk hexagonale de la fin du siècle. Il opte pour un son et une attitude empruntant davantage aux US qu’au « rock alternatif » français des années 80, où la boite à rythme faisait bon ménage avec les concerts carnavalesques ou les influences world music.
Zabriskie Point, c’est aussi les premiers textes de François Bégaudeau, alors chanteur. Ce nom vous dit peut-être quelque chose, et pour cause : tour à tour écrivain, critique littéraire, scénariste, acteur et réalisateur, il a crevé l’écran à partir de 2006. Son roman Entre les murs gagne le Prix France Culture-Télérama, tandis qu’en 2008 l’adaptation cinématographique de son œuvre (pour laquelle Bégaudeau en est le scénariste et l’acteur principal) décroche la Palme d’or et le César de la meilleure adaptation.
Pour rester proche du septième art, Xavier Esnault, ex-guitariste et décédé en 2012, a réalisé entre autres une sitcom, quelques documentaires (dont celui de la tournée d’adieu de son groupe), et deux clips pour The Libertines, le groupe de Pete Doherty.
Les années 1990 à Nantes, au sommet de la formation artistique et footballistique. Et ce n’est pas un fan du FC Nantes comme Bégaudeau qui me contredira.
Ta Gueule
La surprise du chef. Je n’ai vraiment pas eu l’impression d’écouter intensément ce groupe. 4 albums, une quarantaine de titres et moins d’1h30 de musique : et si Spotify s’était basé sur le nombre de titres écoutés plutôt que sur la durée d’écoute ?
Quoi qu’il en soit, Ta Gueule est un combo qui ne fait pas dans la dentelle. On est quelque part entre Zeke et Vitamin X (pour les riffs survitaminés mélangeant punk hardcore, rock’n’roll et crossover thrash), avec une couche de Poésie Zéro (pour les textes en français empreints de jurons et de second degré). Se présentant comme un « supergroupe », il est visiblement basé dans la région lyonnaise. Parmi les 4 membres, j’y ai reconnu Ed à la guitare, qui officie chez Not Scientists et auparavant aperçu chez les Sons of Buddha ou les mythiques Uncommon Men From Mars. Pour les autres, je ne connais pas leur parcours à vrai dire.
Pour se mettre dans l’ambiance, voici de quoi mieux cerner « l’univers » du groupe, si on peut le qualifier ainsi.
Berri Txarrak
Pour la petite histoire, c’est le fait de planifier mes vacances d’été qui m’a donné envie de ré-écouter ce groupe. Punk Rock Holiday en Slovénie reporté parce que Covid-19 (plan A), Barcelone et Catalogne fortement déconseillées parce que Covid-19 (plan B), retour au Pays Basque pour voir ce que je n’avais pas encore vu ou ce que j’avais oublié (plan C ✔).
Je l’avais découvert à l’occasion d’un concert lors de l’Xtreme Fest en 2014. Groupe rock originaire de Navarre, la totalité de ses chansons est chantée en basque (d’ailleurs, Berri Txarrak veut dire « mauvaises nouvelles » dans cette langue). En 2019 et après 25 ans d’existence, il a organisé une tournée d’adieu avant d’entrer en hibernation.
Si la base est clairement rock alternatif, les morceaux mélangent aussi d’autres styles comme le métal, le punk, le hardcore, ou encore le grunge. Les premiers albums avaient plutôt tendance à lorgner sur des trucs bien vénères, quand les sorties récentes faisaient la part belle aux compos plus posées, moins directes, allant parfois sur la ballade.
Je suis très mauvais pour la définition des styles et pour les comparaisons, mais je dirais que ça ressemble pas mal aux Foo Fighters. Je vous mets ceux qui sont probablement mes trois morceaux préférés du groupe, histoire de vous faire un avis.
Lofofora
Lofo’, c’est plus de 30 ans de carrière et l’ambassadeur de ce qu’on appelait « fusion » dans les années 90 : guitares heavy, basse et rythmique funky, chant rappé, quelques scratches et autres effets.
Cela dit, cette classification est quelque peu réductrice pour un groupe qui a su faire évoluer son répertoire au fil des années. Quand les deux premiers albums sont clairement dans cette veine en vogue à l’époque, l’album Dur comme fer bascule sur un son plus lourd. À partir des albums suivants, leur style se stabilise vers quelque chose de plus « traditionnel », entre les morceaux clairement accessibles et ceux aux sonorités punk voire hardcore, sans oublier les habituelles « power ballad » bien à eux.
Lofofora, c’est un groupe que je connais depuis le collège et que j’écoute généralement par période. Cependant, je me suis beaucoup moins intéressé à leurs productions récentes. Pour moi, leurs meilleurs albums sont ceux du début du siècle, à savoir Le Fond et la Forme (2003) et Les choses qui nous dérangent (2005). J’aime leur musique sans concession, leurs textes parlant de politique ou de société, et il faut bien reconnaître que Reuno (le leader du groupe) a une plume de grande qualité.
En ces temps difficiles où beaucoup de choses m’ont foutu la haine, Lofofora est la bande-son idéale pour illustrer tous ces épisodes et écouter quelque chose dans lequel on se retrouve.
Mortality Rate
Il s’agit complètement d’un groupe que j’ai découvert en 2020. Originaire de Calgary au Canada, Mortality Rate peut s’appuyer sur un chant féminin rageur, entouré de riffs puissants et rapides dans la plus pure tradition du hardcore. Ça braille, ça joue à 200 à l’heure, et ça envoie quelques breaks beatdown ou favorables au two step (si vous ne comprenez rien à ce passage, c’est fait exprès).
Bref, ça ne fait pas vraiment dans l’originalité, ça ressemble à des milliers d’autres groupes, mais pour les fans du genre il est difficile de passer à côté je pense. Perso, leur dernière galette Sleep Deprivation rentre dans mon top 10 des albums de l’année.
Mes titres préférés
Il y a des constantes par rapport à 2019 (Requiem en tête, Secret Society à la 3e place), mais quelques nouveautés aussi dans le lot.
Requiem, de Killing Joke
Est-ce que ce ne serait pas mon morceau préféré ? Je me pose cette question. En tout cas, si on devait me demander le morceau parfait, il y a de fortes chances pour que je cite celui-ci.
Killing Joke, c’est un groupe phare de la grande période post-punk/new wave et un précurseur du métal indus. Requiem, c’est le titre qui ouvre l’album éponyme sorti il y a plus de 40 ans maintenant. Si j’ai beaucoup écouté ce morceau l’année dernière, c’est évidemment parce que je l’aime beaucoup, mais aussi parce que c’est le seul qui, passé en boucle, me permet de trouver le sommeil quand je fais de rares insomnies.
Je n’arrive à lui trouver le moindre défaut : un riff de guitare éthéré, une rythmique carrée de chez carrée, un tempo ni trop lent ni trop rapide, un chant puissant comme celui d’un homme possédé, et un thème qui se répète, répète, répète en boucle… Franchement, je ne pense pas que j’arriverai à me lasser un jour de ce chef-d’œuvre.
Fade Into You, de Mazzy Star
Je ne connais pas grand chose de Mazzy Star, je ne sais rien de leur discographie, mais je connais ce morceau.
Visiblement, Fade Into You a eu son succès dans les années 90, mais je l’ai découvert au hasard d’une suggestion Youtube. Ce que je peux dire, c’est que j’ai tout de suite été saisi par ce chant féminin envoutant, cette mélodie teintée de nostalgie et cette instrumentation ma foi fort réussie. On est quelque part entre la pop, la folk et l’americana, assez loin de ce que j’ai l’habitude d’écouter, et pourtant je ne peux pas rester insensible à cette chanson.
Elle m’évoque des émotions tellement ambivalentes : ça peut être à la fois une chanson gaie comme une chanson triste. Elle se marierait aussi bien à un slow langoureux qu’à une nuit en amoureux à la belle étoile, à contempler le ciel et ses mystères. Ce titre serait également parfait pour accompagner les moments mélancoliques, pour être en fond sonore lorsque l’on pleure toutes les larmes de son corps suite à une rupture amoureuse ou un événement tragique. Ce pourrait être un morceau que l’on se passe pour se remémorer un souvenir ou une personne, penser aux bons moments, etc.
Et si je lis un peu les différents commentaires présents sous les vidéos Youtube, j’ai comme l’impression que l’on est un paquet à avoir des sentiments parfois opposés à l’écoute de cette ballade sublime. Être capable de marquer les gens à ce point, c’est quand même signe que l’on a réussi quelque chose de grand.
Secret Society, de Title Fight
Pour ceux qui ont suivi la mini-série documentaire Under the Influence de Noisey, et plus particulièrement l’épisode sur le New York Hardcore, vous avez probablement entendu ce morceau dedans. Title Fight, combo originaire de Pennsylvanie, est présenté comme un des héritiers du mouvement, et on les voit (et entend) jouer le titre Secret Society.
Title Fight, c’est un groupe donnant dans le post-hardcore/emo et pour lequel je n’ai pas spécialement d’affinités, si ce n’est cette chanson. C’est une intro à la basse qui dure et qui dure, avant que le reste des instruments se lancent et laissent éclater leur puissance à la face de l’auditeur. Le chant et la mélodie me donnent systématiquement l’envie de les hurler sauvagement.
Pour moi, c’est un morceau incroyable, et qui a aussi une forte charge « émotionnelle » dans le sens où il ne peut me laisser indifférent.
Tunnel Vision, de Grumpster
Honnêtement, je ne sais absolument plus comment j’ai découvert ce groupe. Je crois me souvenir que c’était au travers de suggestions Youtube ou Spotify, mais vraiment sans la moindre certitude. Qu’importe : pour les amateurs de pop punk, Grumpster est à écouter absolument.
On est sur un power trio californien, à la moyenne d’âge particulièrement basse (je me demande si la chanteuse/bassiste est majeure ?) et au look tout droit sorti d’un lycée de banlieues américaines des classes moyennes. Ils ont sorti quelques clips trop mimis, avec pourtant un paquet de paroles au sens pas très joyeux, comme la dépression, l’anxiété et autres troubles psychiques.
Bref, rien de bien original me direz-vous, mais pourtant je trouve que les compos de ce combo sont excellentes, catchy à souhait malgré un chant qui ressemble quand même pas mal à une voix de crécelle. Tunnel Vision est un morceau particulièrement accrocheur, avec un refrain entêtant. De quoi se rappeler les années lycée et les premières bières avec les potes au skatepark du coin.
Sweet Caroline, de Neil Diamond
Je pense que cette chanson est connue de tous, sans même savoir qui l’interprète ni comment elle se nomme. Sortie en 1969, Sweet Caroline est un classique intemporel, largement utilisé dans les pays anglophones comme chanson d’ambiance pour les événements sportifs. D’ailleurs, je l’ai redécouvert pendant l’Euro 2016, lorsqu’il était utilisé comme chanson d’ambiance par les supporters Nord-Irlandais.
Comment ce morceau s’est donc retrouvé dans mon top de l’année ? Eh bien, je l’ai ajouté récemment à ma playlist fourre-tout et longue comme vous savez quoi (le bras, bien évidemment). Et comme j’ai souvent tendance à en écouter seulement la fin… Voilà, vous savez tout. Allez, on reprend tous ensemble ce refrain entrainant : « Sweet Caroline, good times never seemed so good !«
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