Pour ses 10 ans, l’Xtreme Fest n’a pas fait semblant
Après trois années – entrecoupées de deux étés off pour cause de pandémie – à voyager jusqu’en Slovénie pour profiter comme ils se doit des joies du Punk Rock Holiday, me voici de retour dans des contrées familières (et plus proches). En 2023, j’ai fait le choix de retourner dans le Tarn pour retrouver l’air de mes vacances d’enfance, mais aussi pour me rendre de nouveau à l’Xtreme Fest. Lancée en 2013, la sauterie fait la part belle (en grande partie) à la scène punk et hardcore nationale comme internationale. Depuis, elle a poursuivi son petit bonhomme de chemin, jusqu’à fêter sa décennie d’existence en ce dernier week-end de juillet. S’il est bien loin de la fréquentation d’un Hellfest ou même d’un Motocultor, l’Xtreme Fest est, avec ses 3 000 festivaliers quotidiens, un événement qui compte dans le milieu des musiques extrêmes en France, tout comme l’est par exemple le Sylak, ayant généralement lieu le week-end qui suit.
Je connais bien le festival tarnais pour m’y être déjà rendu en 2014 et en 2017. La première fois, il s’agissait de la seule édition s’étant tenue au Parc des Expositions d’Albi. La seconde a par contre eu lieu sur son site habituel de Cap Découverte. Mais qu’est-ce que Cap Découverte, me direz-vous ? Il s’agit en fait du nom d’une base de loisirs ouverte en 2003, qui a été aménagée sur le site d’une ancienne mine de charbon à ciel ouvert située à proximité d’Albi. Si le projet se voulait ambitieux, le manque de fréquentation et les difficultés économiques qui en ont découlé ont réduit les activités proposées à peau de chagrin. Y subsistent les activités aquatiques (sur le plan d’eau au fond de la mine dont l’accès se fait notamment par télésiège), les services d’hôtellerie et de restauration, la luge d’été ou encore le VTT (liste non exhaustive). Le décor est planté.
Le cadre est insolite, mais il n’en reste pas moins agréable puisque cerné par la végétation et disposant d’une plage d’où l’on pourra barboter dans le lac avant la tenue des concerts (un peu comme pour le Punk Rock Holiday, même si la comparaison s’arrêtera là). L’inconvénient, c’est l’isolement du lieu (surtout pour les personnes non véhiculées) et le fait que ça devienne vite irrespirable en cas de fortes chaleurs.
La découverte d’un nouveau site
Pour ses 10 ans, le festival a choisi de changer sa configuration. Fini l’installation sur l’espace dédié à la musique (comprenant une salle de concert), le site a été déplacé au niveau de l’entrée de la base de loisirs. D’un côté, nous avons le festival à proprement parler et ses deux scènes. La X-Cage, une scène ronde et visible « à 360 degrés » sur laquelle les artistes jouent entouré.e.s de grilles, placée aux abords de l’ancien bowl de skate tombé en décrépitude et transformé en espace bar pour l’occasion. On y trouve également la main stage, appelée ici Family Stage, placée sous le toit qui couvrait l’ancien skatepark.
De l’autre côté se situe L’Estafette, scène dédiée au festival « off » et donc accessible à tout le monde, comme les badauds ou celles et ceux qui n’ont pas pris de billet d’entrée pour l’événement. L’idée de faire un « festival off » est une riche trouvaille, apportant convivialité et mixité et rendant accessible ces styles à tout un chacun. Le off comprend également une scène sous chapiteau au niveau de la plage (la Beach stage), où des concerts acoustiques se tiendront le samedi et le dimanche.
Et puis au milieu de tout ça se trouve, au niveau du parvis, un véritable « village » : bars, food trucks, animation blind test, stands pour les marques de vêtements, les labels ou le merchandising officiel de l’Xtreme Fest, des stands associatifs ou de prévention, etc. Tout est fait pour se mettre à l’aise et éviter les situations problématiques. Car le festival, comme d’autres, a eu son lot de violences sexistes et sexuelles et semble avoir pris le problème très au sérieux, mettant en avant un dispositif spécial contre ce phénomène (et contre les discriminations de manière générale).
L’autre nouveauté, c’est la situation du camping, plus proche du site du festival et surtout installé dans un vrai espace dédié à cette activité. On peut donc poser sa tente sous les arbres ou le long d’espaces arborés, se rendre dans de vrais sanitaires, etc. Parfait pour se reposer après des journées chargées… Mais cela reste un camping de festival, avec son lot de nuisances sonores tout au long de la nuit, ses gens éméchés et sa musique trop forte, ses lourdos qui ne peuvent s’empêcher de gueuler des horreurs, etc.
Dans les points « pas ouf », j’avancerais un manque de clarté à certains niveaux (où aller quand on arrive, où se garer exactement, comment ça se passe pour le camping, etc.). Bien que j’ai lu attentivement les explications fournies par l’orga sur son site internet, j’ai l’impression d’être passé à côté de certains trucs et de découvrir le fonctionnement de plusieurs choses une fois sur place. Bon, pas très grave mais c’est toujours emmerdant de débarquer et de ne pas trop savoir où aller, quoi faire, etc. Au passage, une cashless intégrée au bracelet, qui ne demande qu’un euro de frais, que l’on peut recharger en cash comme en CB et globalement un festival sans « frais cachés », ça change quelque peu du PRH 😏
Autre point un peu gênant : la queue pour arriver sur le festival officiel à son ouverture. Avec les fouilles et la validation des pass, comptez plusieurs minutes pour accéder aux deux scènes, même lorsque la soirée est bien avancée et qu’on veut faire l’aller-retour avec le off. Disons que ça demande de l’organisation, voire même de l’anticipation si on ne veut rien louper.
Enfin, le vrai problème selon moi a été les concerts qui se tenaient en même temps. Il est vrai qu’avec trois scènes ouvertes de 18 heures à 01 heure 30, c’était compliqué d’éviter les chevauchements. Mais lorsque des groupes d’envergure se retrouvent programmés en même temps que d’autres formations tout aussi attendues et dans un style proche, ça oblige à faire des choix cornéliens. J’ai ainsi une pensée pour les punks Landais.es de The Dead Krazukies qui se sont retrouvé.e.s à jouer en même temps que deux références du genre, les stars en devenir de Grade 2 et les mastodontes des Toy Dolls.
Perso, j’ai dû faire une croix sur Snuff et sur Good Riddance coincés entre Les Sheriff, Scowl et Walls of Jericho. Je vais quand même saluer les efforts consentis par l’organisation suite aux remontées négatives, puisque le premier running order annoncé était bien plus problématique encore.
Malheureusement, le festival a connu son petit lot d’annulations. La première, celle des New-Yorkais de H2O (un de mes groupes préférés), qui ont renoncé à leur participation sans donner d’explication et qui ont été remplacés par le combo punk de l’Arizona, Autority Zero. Si ce changement dans la programmation est intervenu bien en amont du festival, il y en a eu un autre de taille et bien plus difficile à prévoir. Autre groupe que j’attendais de revoir avec joie, les Descendents ont pour leur part dû annuler l’entièreté de leur tournée européenne du fait de l’attaque cardiaque subie par leur chanteur, Milo (heureusement, tout semble aller pour le mieux désormais). Une annonce faite… le vendredi après-midi, alors que le festival allait débuter et que les Californiens étaient prévus pour clôturer le week-end.
Malgré ceci, l’orga est parvenue à trouver un groupe de substitution : les habitués des Sheriff, des presque voisins qui débarqueront quasiment au pied levé. Charge désormais à Authority Zero de fermer le ban.
Voilà pour les présentations, entrons tout de suite dans le vif du sujet.
Madball est venu pour mettre tout le monde d’accord
L’heure est venue pour moi d’ouvrir les hostilités sur L’Estafette avec The Branlarians, groupe du Gers donnant dans le skinhead reggae et autres genres dérivés. Une entrée en matière plutôt en douceur, avant d’assister un peu plus tard au set des Rennais de Hard Mind. Eux font dans le hardcore beatdown, et je dois dire que j’ai suivi ça sans grand enthousiasme puisque le genre – et tout ce qui va avec – me plaisent de moins en moins. Malgré tout, c’est quand même le type de groupe idoine pour chauffer l’ambiance comme il se doit, à plus forte raison sur la scène X-Cage qui se prête à merveille à ce genre de public énervé/survolté. Et puis, c’était un échauffement parfait pour ce qui allait suivre sans transition…
Pour mon premier concert sous le toit de la Family Stage, voici que déboulent les légendes de Terror. Le groupe de Los Angeles est une pointure du hardcore façon tough guy qu’on ne présente plus. Perso, c’était la 3e fois que je les voyais, à chaque fois en festival, et il faut dire que le cadre s’y prête bien. Sans surprise, Scott Vogel et sa bande (dont un bassiste complétement déchaîné) débarquent avec un très gros son pour aligner classique sur classique comme à la parade : Overcome en 2e position de la setlist, Keep Your Mouth Shut bien placé en milieu de prestation et comme de coutume en clôture un Keepers of the Faith jubilatoire. Le tout, expédié en un peu plus d’une demi-heure. C’est court, mais c’était carré comme je n’en attendais pas moins de leur part.
Tout compte fait, ça m’a laissé un peu de temps pour me remettre de mes émotions et retourner tranquillement sur L’Estafette me préparer pour une prestation dont j’espérais beaucoup, celle des New-Yorkais de The Slackers. Eh bien, c’était plus que conforme à mes attentes puisque c’était trop bien. Vic Ruggiero et ses potes se pointent avec le look complet des rude boys, à savoir costard, pork pie hat et compagnie. Durant une heure tout pile, ils m’ont (nous ont) régalé de leur savant mélange de sonorités ska/rocksteady/reggae et même soul, mâtinées de cuivres et d’orgue.
Communiquant comme il se doit avec le public, bien aidés par un tromboniste/chanteur aux facultés d’ambianceur, ils nous ont fait profiter des multiples talents de leur leader Vic Ruggiero : clavier, chant (très jolie voix au demeurant), harmonica et même percussions, étant souvent capable d’en combiner deux à la fois. La petite curiosité vient du bassiste jouant de son instrument à la verticale, celui-ci étant posé sur un tabouret, à la manière d’une contrebasse. L’agréable surprise a été de retrouver dans leur set Attitude des Misfits ou Like a Virgin (de vous savez qui), évidemment réarrangés à la sauce Slackers pour une réussite totale.
Il est temps pour moi de retourner sur le site du festival, où je débarque au beau milieu du set des Marseillais de Landmvrks. Petite fierté de retrouver un groupe de chez moi ici, même si je suis toujours étonné de leur notoriété à l’étranger quand, dans notre propre pays, ils semblent avoir un peu moins percé. N’accrochant pas du tout à ce type de metalcore, je préfère me rendre au ravito, laissant trainer une oreille par-ci, par-là, me confirmant le fait que ça ne colle pas avec moi.
Qu’importe, j’étais de toute façon dans l’attente des deux derniers groupes de la soirée, à commencer par Pogo Car Crash Control. À chaque fois, je ne peux m’empêcher de penser au moi de mars 2022, qui s’est tapé 2h de route aller puis 2h de route retour un vendredi soir pour les voir jouer à Cannes, car je m’étais dit qu’ils se feraient rares dans le Sud. Depuis, j’ai assisté à trois de leurs concerts à moins d’une heure de chez moi en même pas un an, en plus de ce soir.
P3C est, de mon point de vue, le meilleur groupe de rock français actuel, et a des morceaux calibrés pour la scène. Comme toujours, c’était excellent : ils ont enchainé les tubes en mettant l’énergie qu’il fallait et en déployant le gros son qui allait bien afin de convaincre les éventuels sceptiques. Simon, le guitariste soliste, s’est même payé le luxe de taper un crowdsurfing sur une véritable planche de surf, debout, tout en continuant de jouer de son instrument. En tant qu’habitué.e.s du festival (ce que leur chanteur n’a pas manqué de rappeler en blaguant avec ça), il est fort à parier qu’on les reverra très prochainement dans le Tarn. En attendant, je devrais les retrouver sous peu à Marseille.
Enfin, quoi de mieux pour clôturer le 1er jour de l’Xtreme Fest que de s’installer tranquillement devant les légendaires Madball ? Si vous pensez au New York Hardcore, vous les citerez instantanément ou presque. Cela faisait un bon bout de temps que je n’avais pas eu la chance de les voir à l’œuvre, c’était donc le moment parfait pour y remédier.
Premier constat, où est Hoya Roc ? Le mythique bassiste du combo fait défaut, et l’on apprend de la bouche de leur frontman Freddy Cricien que son vol a été annulé, obligeant un de leur camarade (un roadie, je crois) à le remplacer au pied levé, après avoir appris les morceaux sur le trajet. Bon, malgré quelques problèmes de coordination, il a très bien rempli son contrat. (N. B. : Depuis le festival, on a tout de même appris qu’Hoya quittait définitivement Madball).
Ainsi, Madball a pu dérouler son set où l’on a retrouvé que du classique, à la plus grande joie des nombreux fans ici présents et dont je fais partie. Un son énorme (d’autant plus en configuration festival), un Freddy intenable dont les sprints allers-retours incessants succèdent aux sauts énergiques : des ingrédients parfaits pour finir la soirée de la meilleure des manières. Reste un regret toutefois : un show bien trop court, qui peut sans doute s’expliquer par l’absence de leur bassiste habituel et par l’impossibilité pour son remplaçant de retenir un répertoire aussi large en si peu de temps.
Capra en conclusion d’une journée riche en émotions
Le samedi pointe le bout de son nez, la météo est toujours aussi bonne (et elle l’aura été durant tout le week-end), je choisi ainsi d’attaquer plus tôt qu’à l’accoutumée en prenant le télésiège amenant au niveau du plan d’eau. Évidemment, pour me rafraichir… Mais pas que : assister ensuite au set acoustique que Trint Eastwood tiendra sur la Beach Stage dans le cadre du festival off. Pour les non-initié.e.s, Trint est l’ancien guitariste et quelquefois chanteur d’Uncommon Men From Mars, formation punk ardéchoise ô combien appréciée dans le milieu, et dont l’ancien batteur (et jumeau de Trint) est décédé il y a 2 ans.
J’appréhendais ce moment, car la charge émotionnelle était forte. Je dois dire que je n’ai pas résisté bien longtemps. Trint entame direct par l’un des nombreux titres d’UMFM qui jalonneront le set en exécutant Fingers to the Bone. D’entrée, ça fait son petit effet. Vu le nombre de tee-shirts du groupe présent dans la petite assemblée, on était quelques-uns (si ce n’est tous ?) à être venus en tant que fans des Unco. Les premières strophes auront suffi pour que l’on reprenne tous ensemble les paroles de la chanson, en y mettant une belle énergie au moment du refrain.
Puis vient Blue Flame, un morceau déjà acoustique au moment de sa sortie. Alors que j’avais déjà les yeux embués, j’avoue que je n’ai pu retenir quelques larmichettes. S’ensuivra d’autres grands classiques du groupe comme Pizzaman (toujours aussi efficace), Vampire Girl, Bad Ideas, Dark Sunday (où l’on aura rempli notre rôle de choristes à la perfection), You can be Evil puis My Girlfriend ate the Dog. Le format intimiste est renforcé par son utilisation de l’harmonica ou du ukulélé et par ses duos avec Mike Noegraf qui l’aura précédé sur scène.
Afin de varier les plaisirs, il nous gratifiera aussi de quelques autres reprises (dont Lean On Sheena, popularisé par The Bouncing Souls) et de certaines de ses compositions en tant qu’artiste solo. Pour rajouter de l’émotion, il évoquera une anecdote familiale (une chanson écrite avec ses filles, dont l’une a récupéré la batterie de son défunt frère) et finira par un morceau évoquant les gens qui nous ont quittés, mais pour qui l’on aime surtout se souvenir des bons moments vécus ensemble.
La queue pour remonter en télésiège sur le parvis me permet de retrouver mes esprits, avant de me ravitailler au son des punks pictavien.ne.s de Topsy Turvy’s. Je n’ai pas trop fait attention à leur prestation, mais musicalement ça sonnait vraiment bien. Arrive ensuite les Allemands de Slope, qui ont parfaitement lu le manuel intitulé « Comment retourner la fosse ?« . Ils envoient un bon hardcore rappé, groovy à souhait, qui rappelle Infectious Grooves, les Suicidal Tendencies au tournant du siècle ou plus récemment Turnstile. Street Heat est d’ailleurs pas loin de figurer dans le classement de mes albums préférés de 2021. Avec leurs deux chanteurs qui tournicotent dans tous les sens, je n’en ai pas forcément vu l’intérêt musicalement parlant mais c’est sans nul doute un bon point pour assurer le show sur la main stage.
La suite, ce sont les Néerlandais.es de Drunktank qui arrivent sur la X-Cage. Et, alors que je me tiens un peu loin de la scène en mode « allez, je reste 2-3 morceaux voir ce que ça donne, et puis je file au repos », leur prestation m’aura convaincu de rester pendant tout le set. C’est un skate punk comme on l’aime (en tout cas, comme je l’aime), énergique au possible, soutenu par une chanteuse à la grosse présence scénique et qui n’hésitera pas à escalader plusieurs fois la cage.
Du coup, le repos se fera durant le concert de Stick To Your Guns. J’avoue qu’ils ont un gros son, que leur musique se prête bien au live, mais je n’ai jamais trop accroché sur disque, et les quelques minutes auxquelles j’ai assisté ne m’ont pas donné l’impression que j’allais louper un incontournable.
Le concert à ne pas manquer était plutôt celui de Grade 2, dans la foulée. J’ai beaucoup aimé leur dernier album (sobrement intitulé Grade 2), j’ai bien apprécié aussi leur concert à Marseille en avril dernier, mais en festival c’est encore une autre histoire. Les p’tits gars de l’Île de Wight ont un son taillé pour foutre un zbeul pas possible, surtout avec la proximité offerte par la X-Cage. Dans une veine street punk/oï, ils enchainent leurs tubes qui résonnent comme des hymnes. Leur bassiste a un jeu à la Matt Freeman de Rancid et est en plus capable de chanter dans le même temps, c’est impressionnant à voir. Évidemment, ça a pris instantanément, ils ont tout défoncé, et le public ne s’est pas fait prier : ça a envoyé pogos et crowdsurfings dans tous les sens.
C’était aussi la préparation parfaite pour le concert de The Toy Dolls. Voilà plus de quatre décennies que le trio de Sunderland écume les scènes du monde entier. Avec leurs accoutrements, leurs gadgets gonflables, et leurs chansons conviviales faisant référence aux dessins animés et plus généralement à la culture populaire, on s’attend forcément à quelque chose qui va laisser une trace. Mais sous ses airs de groupe loufoque, il est avant tout composé de sacrés musiciens (et plus particulièrement son leader immuable, le dénommé Olga), qui savent comment faire bouger une salle en envoyant des rafales de riffs extrêmement adéquates.
Avec leur sens du divertissement et de la mise en scène, ils ont bien sûr fait mouche. Ils jouent avec le public sur Nellie The Elephant, font tourner sur eux-mêmes leurs instruments au moment de Wipe Out, Olga laisse admirer sa virtuosité à la guitare sur Toccata in D Minor ou revient sur scène pour le rappel avec une guitare à triple manche (!) pour Dig That Groove Baby… Bref, c’était encore une valeur sûre avec qui j’ai passé un bon moment.
Pendant que les Toulousains d’Alea Jacta Est maintiennent tout le monde éveillé avec leur hardcore beatdown pas vraiment là pour faire dans la dentelle, je me prépare pour le passage tardif de Capra qui clôturera cette deuxième journée. C’était le groupe que j’attendais le plus sur ce festival, avec Scowl le lendemain. Deux noms qui m’ont convaincu de me rendre à l’Xtreme Fest, en me disant que ce serait une occasion en or de les voir à l’œuvre et que je ne suis vraiment pas certain de les revoir de sitôt.
Eh bien, je n’ai pas été déçu du voyage : ça rigolait zéro. Même si le son avait l’air un peu brouillon, le combo de Lafayette en Louisiane a eu une énergie débordante, notamment le bassiste qui agitait sa chevelure interminable de partout, mais aussi la chanteuse dont la présence scénique était conforme à la raclée auditive reçue. Le seul hic fut la durée limitée de leur set, malgré le rappel réclamé en vain par le public. Après, je peux comprendre qu’avec un seul LP pour le moment (que j’ai beaucoup apprécié) et un second en préparation (et dont quelques morceaux ont déjà été interprétés) il semble difficile de tenir une heure complète. Quoi qu’il en soit, j’en sors ravi et toujours en vie après une deuxième journée bien remplie.
La tornade Scowl a tout écrasé sur son passage
Déjà dimanche et dernier jour de festival. C’est aussi l’ultime concert auquel j’assisterai sur L’Estafette avec les Toulousaines de Madam. Il fait déjà suffisamment chaud, mais pas assez pour elles puisqu’elles décident de rendre l’atmosphère véritablement brûlante. Si j’étais journaliste de presse écrite, je dirais à leur sujet qu’il s’agit d’un « power trio féminin résolument rock ». Je me contenterai de dire qu’elles sonnent bien garage comme il faut, et que c’était parfait pour lancer la journée sur de bons rails.
Ni une ni deux, je bascule sur le site du festival officiel au moment où Les Sheriff démarrent. Les ayant vus à plusieurs reprises ces derniers mois, je pars dans l’optique de rester sagement assis sur le côté. Évidemment, je n’ai pas su résister quand ils ont enchainé les tubes et que je me suis retrouvé à reprendre les refrains parmi le public. À coup de batte de baseball, Jouer avec le feu, Pile ou Face ou encore 3, 2, 1… Zéro ! Autant de classiques qui font bien plaisir. Et comme d’habitude, c’était carré. Chansons simplistes, textes qui le sont tout autant, un côté rock’n’roll à l’ancienne indéniable, mais avant tout une efficacité qui ne se dément pas, sur album comme sur scène : les Montpelliérains n’ont pas volé leur surnom de Ramones français.
Pendant que les Tourangeaux de Beyond the Styx envoient un hardcore bien fat sur la scène d’à côté, je reste au niveau de la Family Stage pour me positionner avantageusement avant le groupe que j’attendais le plus de la journée : Scowl. J’avais beaucoup apprécié les dernières productions de la formation de Santa Cruz, puis j’ai été particulièrement hypé par les vidéos que j’ai pu voir de leurs prestations live, j’allais enfin pouvoir vérifier ça par moi-même.
Eh bien mes aïeux, je n’ai vraiment pas été déçu. Une véritable tornade s’est abattue sur moi (et sur nous), avec un son certainement trop fort et une chanteuse a l’aura folle. Sa débauche d’énergie, sa faculté à enchainer two steps rageux et danses « fantasques », son style et de façon globale son attitude éclipsent le reste du groupe, pourtant pas forcément en reste. Il y a eu une belle alternance entre leurs morceaux rentre-dedans et les compositions plus récentes, au son plus soft, auxquels se sont greffées deux reprises (Do You Wanna Dance ? version Ramones et 99 Red Balloons proche de celle de Goldfinger).
Comme d’autres, c’était encore trop court. Faut dire qu’il est dur de remplir une plage de 50 minutes avec des chansons dépassant rarement la minute, pour un LP et trois EP tous plus expéditifs. Peu importe, j’avais des attentes énormes et la désillusion ne fut pas au rendez-vous, bien au contraire. En échangeant d’ailleurs avec d’autres festivalier.e.s, c’est une impression visiblement partagée, même pour des personnes ayant découvert le groupe ce soir-là.
Ce succès s’est aussi fait sentir sur leur stand de merchandising, à la fréquentation élevée juste après leur passage. Pendant ce temps-là, les Flamand.e.s de For I Am font cracher les watts sur la X-Cage voisine. J’ai suivi ça encore une fois de loin, mais il s’agissait à première vue d’un skate punk à chant féminin somme toute classique.
Il est venu le temps du dernier gros morceau de ce week-end, pour ma part en tout cas, avec Walls of Jericho. La formation de Detroit jouit d’une belle réputation et peut compter sur un son vraiment calibré pour ce genre de grande scène. J’avais déjà pu admirer leur force de frappe dans une petite salle, j’imaginais déjà le carnage en festival. Sans surprise, leur métal hardcore bien appuyé par des riffs ultra-lourds a tout de suite fait mouche.
Une prestation magnifiée par une sacrée prestance scénique de chaque membre, et plus particulièrement de la charismatique Candace Puopolo au micro. Infatigable et transcendée à chaque mosh part, elle donne tout ce qu’elle a pour haranguer le public (et forcément, ça fonctionne). C’est le genre de groupe où l’on sent le truc venir, on sait exactement comment ça va se goupiller, on s’y prépare mais rien à faire, on ramasse ses dents à chaque fois. Et si ça ne suffit pas, l’énooorme A Trigger Full of Promises passe par là pour embarquer ce qu’il reste de mâchoire.
Pour conclure la baston, iels envoient le traditionnel Revival never goes out of Style qui, avec ses faux airs du Bro Hymn de Pennywise, est parfait pour entamer un long singalong. On ne se fait pas prier, Candace se place sur les crash barrières et nous enjoint à y mettre plus de cœur, puis tout ceci se termine par le public poursuivant encore et encore la performance plusieurs minutes après la fin des hostilités sur scène.
Il commence à se faire tard, j’ai encore soif et j’en profite donc pour descendre quelques verres avec Cigar en fond sonore. L’histoire du groupe est particulière, puisque les Américains n’avaient réalisé qu’un seul album à la fin des années 90, les élevant quasiment au rang de groupe culte. Reformés depuis une dizaine d’années, ils ont sorti l’an dernier un second opus avant d’entamer une tournée en conséquence.
Ça joue vite, ça joue bien, ça fait le taf : c’est un skate punk vraiment technique, et il faut avoir gardé de l’énergie pour l’apprécier à sa juste valeur. Après leur prestation, rideau. Authority Zero doit clôturer le festival, mais je les ai vus à maintes reprises, je ne suis pas vraiment fan, et j’ai surtout besoin de repos car les nuits ont été courtes (voire inexistantes).
10 années et un succès au rendez-vous
Vous l’aurez compris, le bilan est selon moi très positif. Cela fut 3 journées bien remplies, fortes en émotions, avec des artistes qui auront assuré et une atmosphère qui aura globalement été bienveillante et amicale. Qu’on se le dise, l’Xtreme Fest peut souffler fièrement ses 10 bougies et préparer sereinement l’avenir. Cette nouvelle configuration, très sympathique et bien optimisée, ne peut qu’évoluer dans le bon sens (je l’espère en tout cas). Avec un cadre agréable, une durée optimale, et un trajet qui n’est pas si laborieux depuis chez moi, il n’est pas impossible que j’y retourne prochainement. D’autant plus si l’affiche est encore une fois à la hauteur.
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