Ma rétrospective Spotify Wrapped 2023
En décembre, les médias ont leurs traditionnels marronniers concernant les fêtes de fin d’année, les achats de Noël, etc. Ici, j’ai décidé tous les ans à la même période de parler d’un événement récurrent et qui me permet d’évoquer (parfois) des découvertes musicales ou des coups de cœur : le Spotify Wrapped, soit le récapitulatif musical de l’année écoulée (ou plutôt, des onze premiers mois de l’année tout compte fait).
Pour cette édition 2023, nous allons y retrouver des révélations et des confirmations, des petits nouveaux et des tauliers. Un reportage signé moi-même pour le bien nommé média J’ai Écouté.
Mes titres préférés
Même si le punk et le hardcore demeurent mes deux styles musicaux de prédilection, ce top reste néanmoins assez varié.
Literary Mind, Sprints
Bien que je l’ai découvert à la toute fin de l’année 2022, aucun doute sur le fait que c’est LE morceau de mon année 2023. Dès la première écoute, j’ai senti le truc venir et l’envie de l’écouter une nouvelle fois. Et puis encore une nouvelle fois, et ainsi de suite. À tel point qu’il est entré dans le cercle très fermé de mes morceaux préférés.
Concernant SPRINTS (oui, tout en majuscules), ce quatuor nous vient de Dublin et se présente comme un groupe de « garage noise ». Bon, même si leurs compos habituelles sont effectivement dans le registre du garage rock, voire dans celui du post punk de la nouvelle vague de groupes britanniques et irlandais (Shame, Idles, Fontaines D.C., etc.), Literary Mind c’est tout autre chose.
On est plutôt sur des sonorités indie rock bien enjouées, bien aériennes, avec un petit côté shoegazing ou The Cure au niveau « profondeur » du son. Ça monte au fur et à mesure, le couplet est accrocheur, et toute l’énergie finit par être libérée lors du refrain. La structure du morceau est particulièrement réussie, faite d’alternances entre les moments d’accalmie et les déferlantes de guitares disto et de lignes de chant déchirantes.
Même au niveau des paroles, le message derrière est fort et accompagne parfaitement la bande-son. Bref, difficile de décrire avec de simples mots la sensation de bien-être que procure cette chanson. En plus de tout ça, le clip est trop mimi.
Vraiment, un morceau qui donne envie de se balader en forêt lors d’une belle journée d’automne, de se prendre par la main et de dire à la personne aimée à quel point on tient à elle.
Under the Streetlight, Grade 2
Ça, c’est de l’hymne punk ou je m’y connais pas. Véritable étoile montante du genre à tel point qu’il enchaine les tournées européennes et nord-américaines en tête d’affiche comme en première partie de noms prestigieux (notamment Rancid, dont le chanteur/guitariste Tim Armstrong tient le label Hellcat sur lequel les Anglais sont signés), Grade 2 vient de sortir en 2023 un excellent album éponyme (dont je parlerai très prochainement).
On y retrouve ainsi Under the Streetlight, entrainant morceau dans une veine street punk qui a bien trop de qualités pour ne pas me plaire. Une mélodie entêtante, des chœurs efficaces, une ligne de basse galopante et des soli de guitare bien sentis sont le secret d’une recette assurément imparable.
Le clip qui l’accompagne fait évidemment la part belle aux clichés du genre, mais c’est aussi ça qu’on aime.
Bloodhound, Scowl
Ma chanson préférée de l’un de mes groupes fétiches du moment. De Scowl, j’ai évoqué leur sensationnelle performance lors du dernier Xtreme Fest, j’ai parlé de leur excellent How Flowers Grow (dont est tiré ce titre), et j’en toucherai encore quelques mots un peu plus bas. Ici, il est donc question de Bloodhound, morceau court mais ô combien révélateur de ce qu’est leur identité et de ce qu’est finalement un morceau hardcore parfait (de mon point de vue tout du moins).
Une introduction façon beatdown, un riff éclair de guitare sur lequel vient se greffer progressivement les autres instruments, avant qu’un chant braillard mais intelligible ne se pointe. Tout ça progresse au fur et à mesure, avant de conclure sur un petit passage éligible au two step et de crier le titre pour obtenir le fin mot de cette histoire. Pas besoin d’être compliqué ni d’être long pour être bon : la simplicité et l’efficacité font parfaitement l’affaire.
En clip comme sur scène, quelle prestance pour cette chère Kat Moss.
Raid, Doom Regulator
Les retrouvailles entre Tim Armstrong et Jesse Michaels, deux anciens acolytes qui n’ont plus sévi ensemble depuis les légendaires Operation Ivy. Doom Regulator est donc l’occasion de voir si l’alchimie opère toujours. À leurs côtés, le basssiste Spencer Pollard (Trash Talk) et le batteur Joey Castillo (Circle Jerks, The Bronx, ex-Queens of The Stone Age, ex-Danzig, et plein d’autres choses encore) complètent un casting 5 étoiles.
Apparus d’un seul coup d’un seul sous le nom de Bad Optix (avant de devoir en changer pour éviter une homonymie), ces vieux routiers de la scène californienne n’ont pour l’instant balancé qu’un seul morceau, mais quel morceau ! Ce Raid est dans la lignée de l’album A Poet’s Life que Tim Armstrong a sorti en 2007, à savoir un rock steady bien crado, avec voix de bad boys qui sentent le cendrier froid et à qui ils manquent des dents.
J’attends la suite avec impatience, en espérant que ce ne soit pas qu’un simple one shot.
Tomorrow Never Comes, Rancid
Tim Armstrong toujours. Si vous me lisez régulièrement, vous commencez à bien connaître le bonhomme et son groupe, qui était mon numéro un en 2021. En 2023, Rancid vient de sortir un nouvel album intitulé Tomorrow Never Comes, dont le morceau éponyme a été le premier extrait mis en ligne.
Il s’agit d’un titre absolument imparable, dont le tempo furieux rappelle leur album sobrement intitulé Rancid sorti en l’an 2000. Ici, peu de mélodie, tout est dans l’ébouriffant.
Malheureusement, cette nouvelle cuvée ne restera pas dans les annales, quoique quelques morceaux ont vocation à devenir des standards en concert.
Mes artistes phares
Bon bah à vue d’œil, va y avoir de la redite… Mais pas que.
Dropkick Murphys
C’est donc au groupe punk celtique de Boston que revient le titre honorifique de top artistes pour l’année 2023. Grâce à un nouvel album qui aurait beaucoup tourné ? Pas vraiment. Bien que Okemah Rising soit sorti en mai dernier, j’en aurai vite fait le tour. Comme son prédécesseur, il s’agit d’un opus 100% acoustique basé sur des textes de Woody Guthrie.
C’est plutôt l’occasion de les voir (enfin !) en concert qui m’a incité à réviser un peu le sujet. J’ai notamment relancé les anciens albums, que je connais moins bien, surtout les premiers lorsque le groupe était dans une veine street punk plutôt que d’user (et d’abuser ?) des sonorités traditionnelles folk irlandaises ou américaines.
Ce concert, parlons-en. C’était un samedi soir de février au Zénith de Paris, et il y avait avant eux The Rumjacks et Pennywise. Rien que ça. Malgré un son que je qualifierais de « pas terrible » (et même de franchement dégueulasse pour les premières parties), le show était au rendez-vous.
Comme les Dropkick Murphys ont joué deux soirs de suite à Paris, ils ont dû varier les plaisirs en concoctant deux setlists différentes, et forcément il y allait y avoir des classiques manquants, d’un soir à l’autre. Personnellement, ne pas avoir eu droit à Barroom Hero et à Going Out in Style restera un regret. Tant pis, ça sera pour une prochaine fois.
Heureusement, ils ont suffisamment d’excellents morceaux pour assurer un set varié. Ainsi, ils n’hésitent pas à remonter jusqu’à leurs débuts, voire à ressortir des morceaux dont j’avais du mal à me souvenir. Sans parler des incontournables qui doivent être joués tous les soirs, sous peine de faire bon nombre de fans malheureux. Pêle-mêle I’m shipping up to Boston bien évidemment, mais aussi Rose Tattoo, Johnny, I hardly knew Ya, The State of Massachusetts ou encore The Boys are back.
Sans trop m’avancer, il y a clairement moyen que j’écrive encore sur le groupe dans le futur. Avec un nouvel album de haut niveau, ça serait bien.
Grade 2
Vu leurs allures juvéniles, j’ai du mal à croire qu’ils évoluent ensemble depuis 2013. Originaires de l’île de Wight chère à Michel Delpech, ces trois Anglais fougueux ont donc formé Grade 2 il y a une décennie de ça. Comptant déjà quatre albums à leur actif, ils ont surtout percé avec leurs deux derniers sortis sur le label Hellcat Records comme évoqué plus haut. Pas impossible d’ailleurs que, très bientôt, je plonge plus en détail dans leur excellent album éponyme apparu en cette année 2023.
Rapidement, le trio a su se faire un nom sur les scènes punk britannique et internationale, à force aussi de tournées interminables (l’année écoulée en est un exemple flagrant) en Europe mais aussi en Amérique du Nord. Pour preuve, ils ont partagé l’affiche avec Rancid, Dropkick Murphys ou The Interrupters. Excusez du peu.
Il faut dire que leur punk grandement influencé par celui des débuts et par la scène oï est idéal pour se lancer dans un pogo endiablé. Entrainant, fédérateur, mélodieux sont quelques-uns des adjectifs que j’utiliserais pour qualifier leur musique. La petite originalité, c’est l’alternance au chant entre le guitariste et le bassiste, ce dernier étant en plus capable de sortir des lignes de basse monstrueuses, ne se contentant donc pas de se calquer strictement sur la guitare.
Pour les avoir déjà vus en concert (deux fois), je confirme que la mayonnaise prend parfaitement. Pas de doute, ils vont continuer de grimper encore un bon moment.
Hard-Ons
Presque une anomalie de ne pas vous avoir encore parlé des Hard-Ons ici même. Plus de 40 ans de carrière et plus de 250 000 disques vendus pour un groupe indépendant australien, ça claque sur un CV. Originaire du quartier cosmopolite de Punchbowl dans la banlieue de Sydney, le combo (dont je vous épargnerai la traduction du nom) a majoritairement évolué en trio, autour de Peter Black (guitare, parfois chant), Ray Ahn (basse) et Keish de Silva (batterie, chant principal). Oui, un batteur au chant, ça n’est pas commun.
La formation a changé quelques fois de line-up, notamment au gré des allers et retours de Keish de Silva, son dernier départ en date l’étant pour une raison peu glorieuse. Outre Black et Ahn, on y retrouve désormais Murray Ruse à la batterie et Tim Rogers au chant.
Comment décrirais-je leur musique ? C’est tout d’abord un punk particulièrement mélodique, « à la cool » (bonjour les clichés sur l’Australie…), basé sur des paroles plutôt naïves ou usant d’humour scatologique. Mais on y retrouve aussi des influences plus heavy, plus thrash, et pour rester dans les stéréotypes entourant nos amis situés aux Antipodes, on sent que les types ont beaucoup écouté AC/DC également…
Ces dernières décennies, ils ont même poussé le vice jusqu’aux extrêmes, avec d’un côté des chansons power pop à la limite du sirupeux, de l’autre des brûlots grindcore à la limite de l’écoutable.
Pour l’anecdote, j’ai découvert le groupe après avoir aperçu un sticker Most People are a Waste of Time sur l’ampli d’un des guitaristes des Uncommon Men From Mars lors d’un concert. En cherchant sur internet d’où ça pouvait venir, je suis tombé sur cette jolie pochette (réalisée par Ray Ahn, comme beaucoup d’autres, de même pour le merchandising et les affiches de tournées).
J’ai lancé l’écoute de cet album que je ne connaissais pas, d’une formation dont je n’avais jamais entendu parler… Et depuis, c’est devenu l’un de mes disques favoris. Même si ici la dominante est clairement sur les mélodies pop (quand son successeur et double maléfique Most People are Nicer than Us est lui carrément dans le blast), on a quand même un large panel de ce que les Australiens savent faire.
Très prolifiques en studio, les Hard-Ons ont sorti l’album Ripper ’23 en juin dernier. Même si je ne l’ai pas véritablement apprécié, ça a été l’occasion de les revoir pour la troisième fois en concert sur la tournée européenne qui a suivi. C’est toujours ça de pris.
Scowl
Alors que re-voilà la sous-préfète. Avec une discographie si mince et des morceaux si courts, il n’est pas difficile d’écouter encore et encore ce groupe. Et puis surtout parce que je l’apprécie.
Originaire de Santa Cruz en Californie, ayant sorti en 2019 ses deux premiers EP, Scowl connait une ascension éclair. Cet ex-quatuor devenu depuis peu quintette enchaîne dès lors les sorties mais avant tout les tournées. Celles-ci les ont emmenés aux quatre coins de leur pays, les ont faits traverser l’Europe de long en large et leurs ont permis d’ouvrir pour de grands noms et de participer à de prestigieux festivals.
Car c’est avant tout sur scène que la formation américaine se révèle terriblement efficace. Son hardcore « à l’ancienne », qui ne fait pas dans la dentelle, est parfait pour déchainer les foules. D’autant plus avec une chanteuse qui sait retranscrire l’énergie des compositions et la rage des textes.
Pour vous en convaincre, je vous invite à regarder l’un des innombrables enregistrements que l’on retrouve sur le net, notamment ceux de l’excellente chaîne spécialisée hate5six. Ne vous inquiétez pas, il y en a généralement pour une demi-heure tout au plus.
Scowl fait dans un hardcore que je qualifierais volontiers de basique (sans que ce soit péjoratif), mais qui n’oublie pas d’être groovy quand il le faut. Du moins, ça c’était avant. Depuis leur dernier EP en date (2023), le dénommé Psychic Dance Routine, le combo est en train de prendre la direction de (quelques) morceaux un peu plus longs – tout est relatif – avec des soli de guitare, du chant clair, et qui ressemblent davantage à du pop punk ou à du rock alternatif/grunge qu’à du hardcore.
Le titre éponyme est même d’un calme inhabituel, qui n’a de précédent que le Seeds to Sow présent sur leur premier LP. Je constate que la « transformation » est plutôt réussie, même si j’ai été décontenancé à la première écoute.
La trajectoire du groupe me fait beaucoup penser à celle de Turnstile, en étant encensé par la presse rock ou musicale « traditionnelle », en se retrouvant dans des gros festivals généralistes comme Coachella et plus largement en prenant un virage musical plus accessible.
À voir jusqu’où Scowl comptent aller. Je ne les imagine pas devenir « mainstream » comme Turnstile le sont pratiquement devenus, et de mon point de vue ça n’en sera que mieux : j’ai fini par ne plus trop me retrouver dans la musique de la formation de Baltimore, et je ne souhaite pas que la chose se répète dans le cas présent.
Bad Religion
Les tauliers, encore et toujours. Qu’importe leur place dans le classement, ils sont toujours présents, à de rares exceptions près. Faut dire que j’y reviens toujours, pour une raison ou pour une autre, et que j’aime bien me refaire certains albums de temps en temps (de Suffer à The Gray Race, grosso modo).
Pas de nouvelle sortie depuis The Age of Unreason en 2019, aucune nouvelle opportunité de les revoir depuis l’annulation de leur venue au Punk Rock Holiday 2022, Bad Religion n’a pas fait mon actualité musicale. Mais c’est si bon qu’il est difficile de s’en passer au final.
Comme j’ai déjà à peu près tout dit sur eux, j’en profite pour insérer ici quelques vidéos live. Histoire de mieux juger leurs capacités sur scène, qui est en somme le contexte dans lequel on peut tirer toute la quintessence des Californiens. Différentes époques, différents lineups, mais toujours une machine de guerre.
Je ferai juste un focus sur un morceau particulier, en l’occurrence New Dark Ages. Les paroles sont toujours terriblement d’actualité, et c’est d’ailleurs valable pour un grand nombre de leurs chansons tellement les thématiques abordées et la façon dont elles sont traitées sont pertinentes.
Maintenant, un nouvel album et une nouvelle occasion de les voir en live, ça serait bien.
C’en est fini pour le Wrapped 2023 de Spotify. J’espère que 2024 sera un peu plus varié que les années précédentes, sinon je vais tourner en rond et je n’aurai plus rien à dire sur certains groupes. De là à me forcer à écouter certains artistes et à en écouter beaucoup moins d’autres pour « orienter » les statistiques ?
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