Mes disques favoris de 2024 (2e partie : avril → septembre)

Mes disques favoris de 2024 (2e partie : avril → septembre)

Mes disques préférés de 2024, part. 2 (image générée par intelligence artificielle)

On continue ce récapitulatif des disques que j’ai préférés en 2024, avec cette fois-ci une liste allant d’avril à septembre. Un bon semestre en plein milieu de l’année, mais il faut bien ça pour avoir assez de matière et éviter deux parties trop courtes (qui a dit « dommage » ?).

Je poursuis la classification par date de sortie plutôt que par « préférence » et ça va évidemment, énormément (beaucoup trop ?) parler de punk et de hardcore. Montez le son et rendez-vous au premier disque !

…Still Fucking Angry, Fucking Angry (26/04/2024)

Punk/punk hardcore, Bonn (Allemagne)

On commence notre voyage du côté de Bonn, l’ancienne capitale de la République Fédérale d’Allemagne (ou Allemagne de l’Ouest), où l’on retrouve Fucking Angry. Forcément, leur nom annonce la couleur : il s’agit d’un groupe punk dans la veine de Rancid, Bad Religion ou NOFX.

Une chanteuse à la voix éraillée alternant entre l’anglais et l’allemand, des chœurs puissants, et des compos particulièrement énergiques sont quelques-uns des traits caractéristiques de la formation.

En tant que fan de punk californien et de punk hardcore, …Still Fucking Angry est un album que je ne peux qu’apprécier. Petit bonus sympathique : une reprise d’un morceau reggae dénommé Peace X Love qui en garde l’esprit, en y ajoutant bien sûr une touche punk pour un résultat tout à fait réussi.


Artillery From Heaven, Contention (03/05/2024)

Métal hardcore, Tampa (Floride, É.-U.)

Comme souvent, je jongle entre le punk et le hardcore. Mais parfois, j’évoque des groupes qui évoluent dans un sous-genre différent de mes goûts habituels (les non-initiés n’entendront certainement pas de grandes différences, et je les comprends tout à fait). Ainsi, Contention donne dans un hardcore très métallique.

Chant d’écorché, riffs aiguisés, section rythmique particulièrement lourde, on a l’ensemble des caractéristiques du genre dans sa version années 90 (je pense aux Belges d’Arkangel et surtout aux Newyorkais d’Earth Crisis, avec qui Contention partage la philosophie de vie straight edge).

Artillery From Heaven est un bon album dans un style qui me parait beaucoup moins à la mode aujourd’hui, si ce n’est sa version « metalcore moderne » qui n’est clairement pas ma came (pour rester gentil).


In Death, We all rot the Same, Lifecrusher (14/05/2024)

Hardcore, Zurich (Suisse)

Zurich : ses banques, son lac, et Lifecrusher. Avec un nom pareil, il ne faut pas s’attendre à faire dans la dentelle. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que In Death, We all rot the Same (décidément, ça respire la joie de vivre) donne de quoi suer à grosses gouttes.

Ça envoie du petit bois de tous les côtés : tous les prétextes sont bons pour taper du riff de furieux accros aux mosh parts. Épuisé·e·s ? Faites redescendre la tension avec des passages downtempo bien lourds, avant que le pouls ne reparte de plus belle dès que l’hurleuse en chef reprend le micro.

Disque garanti sans neutralité (oui, bon…).


Garbage Day, Get Over It (25/05/2024)

Skate punk, Québec (Canada)

Le skateboard au Québec, c’est une activité compliquée à pratiquer toute l’année. Pour le skate punk en revanche, pas de souci. C’est donc sur cette introduction absolument éclatée que je vous présente Get Over It, trio de La Belle Province qui a choisi le punk qui va vite, très vite.

Les quatre titres composant ce Garbage Day ne sont pas des plus originaux, c’est sûr, mais manient parfaitement les gimmicks du genre pour un résultat réussi. On pourrait presque se croire sous le soleil de la Californie en fermant les yeux, même si le chant lui a tendance à me rappeler les Seven Hate de la beaucoup moins sexy Poitiers.


Headcase, Headcase (27/05/2024)

Hardcore, Dover (New Hampshire, É.-U.)

Des beuglements, des riffs de trois ou quatre accords s’enchainant à toute vitesse, un batteur qui tabasse tous les fûts et cymbales lui passant sous les mains : voici la recette utilisée par Headcase. Avec huit titres dont un seul dépassant de peu les deux minutes, on est encore sur un disque très vite expédié, qui ne brillera pas par sa virtuosité. Mais qu’importe : c’est un engin de chantier qui écrase tout sur son passage, sans compromis et sans avoir besoin de faire des manœuvres savantes pour arriver à ses fins.

Le fait d’avoir un morceau intitulé Headcase sur l’EP du même nom par le groupe éponyme me rappelle ce mème :


Valley’s Most Hated, Human Garbage (06/06/2024)

Hardcore, Los Angeles (États-Unis)

C’est ce qu’on appelle un back to back. Déjà présent en 2023 avec Straight not giving a Fuck, Human Garbage fait coup double cette année avec la présence de Valley’s Most Hated. Et la recette est toujours la même : c’est enragé, ça joue à mille à l’heure, c’est court (douze titres en un tout petit peu moins d’un quart d’heure), et quelquefois ça se veut groovy pour varier les plaisirs.

Rigolo : Valley’s Most Hated est une chanson de Straight not giving a Fuck, tandis que Straight not giving a Fuck est une chanson de Valley’s Most Hated. Parce que… Pourquoi pas.


Loafers, The Mendozaz (07/06/2024)

Pop punk, Toronto (Canada)

Nom du groupe reprenant un patronyme hispanique, surnoms des membres basés sur ce patronyme… Sans avoir encore écouté l’album, on devine tout de suite la principale inspiration de The Mendozaz : les Ramones. Comme beaucoup d’autres me direz-vous, mais est-ce que les Canadiens arrivent au moins à se distinguer de la masse ? Loafers est une jolie réponse par l’affirmative.

Un sens de la mélodie que ne renierait pas Teenage Bottlerocket, des riffs à la NOFX (l’impression d’entendre l’intro de Philthy Phil Philanthropist des Californiens en ouverture de Lottery Tickets), une agréable alternance entre morceaux bien speed et compos pop imparables, bref c’est du beau travail qui dépasse le seul cadre du pastiche. Ce sont douze titres qui ne se ressemblent pas (là où beaucoup de formations « ramonecore » ont tendance à empiler les chansons de trois accords sans saveur) et qui font la part belle aux thématiques à la légèreté et à l’humour inhérents à ce sous-genre.

Je ne pouvais pas finir cette partie sans évoquer le petit clin d’œil aux Stooges sur I Wanna Pet Your Dog (humour toujours).


Nuisance, Babe Haven (21/06/2024)

Punk/nu metal, Raleigh (Caroline du Nord, É.-U.)

Venu du sud-est des États-Unis, voici un trio féminin qui secoue bien comme il faut. S’accolant les étiquettes queer punk, riot grrrl et nu metal, Babe Haven joue une musique inclusive qui prend le meilleur de chaque dénomination.

Moi qui ai pourtant beaucoup apprécié ado ce qu’on appelait nous autres francophones « le néo-métal » (c’était le style rock à la mode, chacun son époque…), je dois dire que je prends un peu peur lorsque je vois encore des groupes s’en revendiquer. Certes, beaucoup de formations ont su perdurer et évoluer depuis, mais j’ai aussi souvenir d’un paquet de choses qui a plutôt mal vieilli…

Pas de souci pour le cas qui nous intéresse, puisque Nuisance est un disque bien pêchu, bien produit et qui se tient très bien tout au long de ses dix titres.

Petit bonus : l’ambiance sorcière n’est pas pour me déplaire.


The New Old School, Heartwells (28/06/2024)

Skate punk, Long Beach (Californie, É.-U.)

Difficile de ne pas croire qu’il s’agit d’un album de NOFX. Le morceau d’ouverture Death of Rock n’ roll fait tellement penser à The Separation of Church and Skate que j’ai envie d’hurler au plagiat (il reprend les paroles de We’re Only Gonna Die de Bad Religion par-dessus le marché). Tout du long du disque la voix du chanteur, le style musical ainsi que la structure des chansons font forcément penser à la bande de Fat Mike, qui doit assurément en connaître dans le lot (l’un des membres de Heartwells était jadis dans Get Dead, groupe signé sur son label Fat Wreck Chords).

Coasted s’inspire également du combo reggae-punk si cher au mythique groupe californien (dont l’influence est décidément omniprésente), tout comme les cuivres sur le final de Kid qui rappelle The Decline. Cela dit, il serait réducteur de limiter la formation de Long Beach à une pâle copie de NOFX (ce n’est de toute façon ni la première ni la dernière à autant assumer ses racines), puisque The New Old School est un vrai bon skeud.

Allez, je vais oser : un disque bien meilleur que les dernières sorties de NOFX (et toc !).


Train of Thought, Figure Out (01/07/2024)

Hardcore, Manille (Philippines)

La musique permet le voyage. Envolons-nous pour les Philippines où nous attend Figure Out, un collectif de jeunes gens se réclamant de la philosophie straight edge (avec les petits X autour du nom sur la pochette comme signes distinctifs). Les six titres composant Train of Thought sont dans la pure veine d’un hardcore rentre-dedans, pas bien sophistiqué mais particulièrement efficace.

On est clairement dans la lignée des formations références du genre comme le sont Gorilla Biscuits ou Youth of Today, pour ne citer que les plus évidentes. Pour être complet, deux featurings viennent soutenir la chanteuse pour mieux varier les plaisirs et participer activement à ces presque treize minutes que je qualifierais de rageuses.


Falha Cr​í​tica, Surra (05/07/2024)

Crossover thrash, Santos (Brésil)

Puisqu’ils figuraient dans mon Wrapped Spotify 2024, j’avais déjà eu l’occasion de parler de Surra il y a peu. C’est désormais le moment d’en dire un peu plus sur leur dernière production, Falha Cr​í​tica. Les Brésiliens sortent encore un très bon album pour peu que l’on aime ce genre musical.

Le guitariste-chanteur arrivant à déclamer ses textes en portugais tout en envoyant des riffs à 1000 à l’heure, parfois assez techniques, a toute mon admiration. Notre trio aime évidemment le blast (sur le titre 200gr de PMA, on n’est pas loin de la caricature), mais il sait aussi jouer avec des compos plus lentes (tout est relatif), à la rythmique particulièrement puissante (Liberdade Eliminando o Mondo est un bon exemple).

Si je devais résumer : l’impression de s’extirper du hublot d’une machine à laver après le mode essorage. C’est peut-être à ça que ressemble un circle pit, finalement.


Only One Mode, Speed (12/07/2024)

Hardcore, Sydney (Australie)

Pour 2024, c’est l’album de hardcore qui aura mis tout le monde d’accord. Only One Mode confirme la réputation que Speed était en train d’acquérir, à savoir celui d’un groupe en devenir qui va bientôt crever l’écran.

Ici, aucune fioriture : on est sur un hardcore surpuissant et groovy, où l’influence du son new-yorkais est prégnante. Impossible en effet de ne pas penser à Madball, Agnostic Front ou encore Biohazard. Les textes sont rappés plus que chantés, les breakdowns sont omniprésents et la rage transpire par tous les pores. C’est carré comme pas possible, ça reprend tous les gimmicks du style et ils se permettent même de les bonifier.

Speed, c’est surtout cette curiosité absolument loufoque : le chanteur qui dégaine au milieu de nulle part une flûte traversière et en joue quelques notes qui s’insèrent parfaitement dans le groove ambiant. Imparable.

Le retour en force du hardcore tough guy, des noms de groupe d’une simplicité enfantine et des clips qui, sans le son, ressemblent à s’y méprendre à un clip de rap. Un premier album qui fera date et qui risque bien d’être le commencement d’une succession de classiques. Surtout, les Australiens vont continuer de retourner encore et encore toutes les salles de concert où ils foutront les pieds, soyez-en certains·e·s.


Modify the Sacred, Seized Up (09/08/2024)

Punk, Santa Cruz (Californie, É.-U.)

Seized Up est ce que l’on appelle un supergroupe, entendre par là que ses membres sont connus avant tout pour d’autres projets. Ici, nous avons des musiciens de Bl’ast, Fast Asleep, Good Riddance ou encore The Distillers, des noms renommés et même très populaires (pour certains) de la scène punk.

Au niveau de la musique, on est sur quelque chose d’assez brut de décoffrage. Ça ne fait ni dans la complexité ni dans la rapidité, mais plutôt dans le riff qui secoue avec les deux mains. Ça me fait beaucoup penser à Off! notamment au niveau du chant, plus braillé et scandé que véritablement chanté.

Modify the Sacred, ça serait un peu l’équivalent musical d’un pick-up : ni élégant ni esthétique, pas vraiment à la mode, mais parfaitement adapté et sacrément efficace pour ce qu’on en demande.


Move Too Slow, Prim (06/09/2024)

Indie rock/rock alternatif, Seattle (États-Unis)

Seattle s’est mondialement fait connaître pour sa vague de groupes grunge du début des années 90. Prim, plutôt que de leur emboiter le pas, préfère surfer sur celle du rock alternatif qui déferlait (avec peut-être moins de force toutefois) au même moment.

Ainsi pour ce premier LP dénommé Move Too Slow, je pense indubitablement à Dinosaur Jr. pour les effets de guitare et de basse omniprésents (fuzz, chorus et ce genre de choses), mais aussi à l’album Most People are a Waste of Time des Hard-Ons pour le côté nonchalant et nasillard du chant.

Les compos à la fois nerveuses et posées (j’en reviens à Dinosaur Jr.), la complémentarité entre le chant de Kevin Flores et celui plus délicat de sa collègue Evelyn Frances et l’identité bien marquée de chaque morceau sont des éléments tout à fait à mon goût.

À mon avis, c’est le genre de musique qui sonne très bien en live.


The Savage Goddess, Trap Girl (27/09/2024)

Punk/queercore, Los Angeles (États-Unis)

Groupe 100% hispanique, Trap Girl joue un punk influencé par le hardcore des années 80 et le mouvement riot grrrl. La classification queercore est également employée puisqu’il ne fait aucun mystère de certaines thématiques abordées dans les paroles, à savoir la défense et la visibilité des minorités sexuelles et de genre.

Une diva trans au top de sa forme et avec un look d’enfer nous fait découvrir son univers vindicatif tout au long de The Savage Goddess. Un disque ma foi agréable, qui sait en plus varier entre différentes ambiances, moments de rage et d’accalmie.


Boss Sounds vol. 1, Junior Deli & The D-Lites/Woodfield Rd Allstars (30/09/2024)

Early reggae/skinhead reggae, Londres (Royaume-Uni)

Première fois que j’évoque un split ou une compilation ici (oui, car je ne me suis pas encore décidé sur le format de ce disque). Ainsi, ce quatre titres fait la part belle à un style que j’affectionne beaucoup : le early reggae/skinhead reggae.

On commence par un morceau des dénommés Junior Deli & The D-Lites et sa petite démonstration de toasting. Les trois chansons suivantes par Woodfield Rd Allstars sont je trouve encore un niveau au-dessus, avec tout ce que j’aime dans ce genre musical : les titres totalement instrumentaux ou presque, les cuivres qui tapent leur solo à tour de rôle avant que l’orgue nous gratifie d’envolées folles, la rythmique hypnotisante… Le tout, sublimé par une prod’ bien old school sonnant comme un vinyle Trojan Records ou Studio One de 1968 retrouvé dans un vide-grenier.

Ça donne envie de taper frénétiquement du pied – ou plutôt des Dr. Martens – sur le dancefloor. Et pour ne rien gâcher, la pochette de ce Boss Sounds vol.1 est magnifique.


Ainsi s’achève cette deuxième partie de mes disques préférés pour l’année 2024. Retrouvez très bientôt (promis) la troisième et dernière partie, et n’hésitez pas à (re)lire le premier tome, histoire de garder les bons réflexes.