Le nouveau saut dans l’inconnu de Flatmates 205

Après un premier album sorti en 2023 et une tournée étalée sur deux années, les punk turinois de Flatmates 205 sont de retour avec Leap of Faith, un nouvel opus sorti le 21 mars 2025. Alors qu’ils s’apprêtent à revenir dans l’Hexagone pour deux dates début avril, j’en ai profité pour parler de tout ça avec Ian, guitariste/chanteur et membre fondateur de la formation.
Tout d’abord, j’aimerais que tu me racontes un peu la genèse de votre nouvel album, Leap of Faith. Comment se sont passés la composition et l’enregistrement ? Et quels retours avez-vous eus jusqu’à présent ?
IAN : Le nouvel album, Leap of Faith, est né au fil des deux années qui ont suivi le précédent disque, Pacific Ways. Cela part d’un ensemble de sensations, d’émotions éprouvées à travers tous ces trajets, lieux, concerts et soirées qui ont non seulement fait partie du parcours de ces deux dernières années, mais qui englobent en réalité les neuf années d’existence du groupe.
Les démos ont tout d’abord été enregistrées à la maison, collectées sur ordinateur, et progressivement des idées, des opinions et même des brouillons abandonnés ont suivi. Un moment important fut sans aucun doute le printemps 2024, mais également la fin de l’été pour l’écriture. De son côté, le studio d’enregistrement nous a ouvert ses portes entre novembre et janvier dernier !
Ensuite, nous avons eu quelques mois pour préparer l’annonce de la sortie, le merchandising et en bout de chaîne les concerts (dont la release party), et finalement nous venons tout juste de le sortir ! Les retours que nous recevons sont majoritairement positifs, il est apprécié et ça se passe bien pour nous ! Ils disent que ça ressemble à quelque chose dans la veine de Pacific Ways mais avec encore plus de soin apporté aux détails.
D’ailleurs, peux-tu m’en dire plus sur les thématiques abordées dans ce nouvel opus : pourquoi avoir choisi de l’appeler Leap of Faith, et qu’est-ce qui se cache derrière la pochette ? (J’ai reconnu des monuments de Marseille et de Berlin notamment)
IAN : « Leap of Faith » signifie un saut dans l’obscurité mais avec une connotation positive. Cela représente les défis, les espoirs, les rêves et les attentes qui caractérisent le chemin de chacun d’entre nous. Pour les membres de Flatmates 205, c’est l’attente d’un nouveau disque, ce sont les rêves d’un groupe qui veut toujours partir en tournée, c’est la vision de la route qui s’étend devant nos yeux (à perte de vue dans certains cas) qui nous a conduits et qui continue de nous conduire à la rencontre de personnes, de réalités et de lieux. C’est aussi l’effort maximal que nous avons pu faire durant ces deux années, la passion aidant à dépasser ce que nous croyons être nos limites.
La pochette comprend certains de ces lieux, de Marseille à Berlin, de la Grèce à Bussana (et son « village des artistes ») en Ligurie : ils représentent le présent et le futur, les racines d’où nous venons et les lieux que nous essayons d’atteindre lors de nos voyages. Cette pochette, à travers son collage de couleurs contrastées et sa touche « rétro », veut faire perdre de vue l’architecture emblématique que représentent ces monuments, et surtout représenter les rencontres que nous avons faites, ou celles que nous ferons comme à Berlin, avec les communautés et les habitants.
Pour en revenir au strict plan musical, et même si on reste sur une veine générale pop punk/skate punk, j’ai quand même l’impression que les autres influences sont un peu plus présentes et que chacun a peut-être davantage marqué de son empreinte l’album. Corrige-moi si je me trompe, mais par exemple je sens davantage la touche de Yuri au niveau des soli de guitare bien connotés métal ou de l’ajout de samples et de boucles électroniques. J’ai l’impression aussi que Samuel s’affirme de plus en plus, que ce soit au niveau des compos qui sortent du strict cadre punk ou de sa participation au chant. Au niveau des chansons par exemple, Firefly (en feat. avec Mikol Frachey) qui est sur une base acoustique guitare/piano avec chant féminin me fait penser à un groupe comme Paramore. Sur Cifre Tonde ou Lasciando indietro, je sens une vibe proche de The Offspring époque Conspiracy of One ou des débuts de Sum 41. Qu’as-tu à me dire là-dessus ?
IAN : C’est vrai, la patte et les idées de chacun d’entre nous sont très visibles. Le son, l’album et sa sous-culture restent certainement ceux du punk rock mais avec quelques ajouts : si les riffs et les singalong typiques du genre sont souvent des idées initiées par moi-même (et clairement avec le soutien des autres gars), Samuel a ajouté des touches caractéristiques de pop rock, de ballade et quasiment de britpop. Ces ajouts laissent aussi de la place pour sa voix et pour deux featuring, l’un avec l’autrice-compositrice-interprète country Mikol Frachey, l’autre avec Bepi du groupe punk Scheletri.
Les guitares de Yuri sont bien audibles, ainsi que l’ajout de pistes de piano et de cordes, en particulier sur la ballade Firefly. En studio, Simone a marqué de son empreinte le son de batterie selon son style d’origine, avec un authentique arsenal de cymbales, de peaux et de cowbells.
Le genre reste celui du pop punk/skate punk, mais avec le reflet de chacun qui se perçoit non seulement dans la musique, mais aussi dans les paroles. En écrivant, je me laisse aller à des pensées sur le fait de grandir, les nouveaux défis de la vie, la poursuite de lieux lointains. J’ai sûrement été influencé par mes lectures, actuellement en cours ces derniers mois, de Jack Kerouac, mon écrivain préféré.
Je trouve aussi que la réalisation de cet album crée en parallèle un terrain fertile pour nos passions autour du groupe : Samuel avec le graphisme des affiches (la pochette de l’album a été réalisée par un artiste indonésien, mais c’est lui qui l’a gérée et qui l’a suggérée), Yuri avec ses productions en arrière-plan des chansons, Simone avec l’énergie et l’expérience avec lesquelles il affronte les concerts, et moi-même avec le rêve d’entrer de plus en plus dans le monde du booking et de l’organisation de tournées.
Évidemment, je suis obligé de te parler de la chanson Marsiglia, où tu as même inséré quelques vers en français. Je voudrais que tu me parles plus en détail de l’histoire derrière le morceau et pourquoi avoir spécifiquement choisi de donner le nom de la ville à celui-ci ?
IAN : Marseille, c’est tout simplement une ville que j’adore ! En tant que groupe, notre histoire avec cette ville commence en octobre 2023 quand, avec Montpellier, elle a été la première ville à nous faire vivre l’expérience de jouer hors d’Italie. Personnellement, j’attendais depuis des années l’occasion de la voir. Une découverte que j’ai voulu consolider de mon propre chef quelques mois plus tard lorsque, en attendant déjà de revenir y jouer au mois de juillet suivant, j’ai décidé en mars 2024 d’anticiper et d’y retourner avec trois très bons amis de Turin, en compagnie de mon ami marseillais Rémi (N.D.L.R. : moi-même) qui nous a guidés à la perfection.
Cette période de vacances, je la définirais comme l’une des plus belles que j’aie jamais eues, à la découverte de la ville, de sa vie quotidienne et de ses habitants. Cela parait presque surréaliste de pouvoir dire qu’en trois jours j’y ai vu la ville, le Parc national des Calanques (je rêvais de voir la calanque d’En-Vau depuis des années), le concert d’Ignite avec d’autres groupes locaux en premières parties comme Rats Don’t Sink ou The Butcher Project, et enfin d’avoir été catapulté dans l’ambiance magique, incroyable et folle du Vélodrome pour OM-PSG, ensemble avec mon ami Rémi. Et puis les rues, les gens, les places, l’atmosphère qui m’ont ouvert encore plus les yeux sur Marseille et m’ont donné envie d’y retourner sans plus attendre avec les Flatmates.
Même ces expériences en dehors d’une salle de concert créent une chanson, tant dans les émotions que dans les détails nécessaires à l’écriture : si je n’y étais pas retourné (oui, encore !) en octobre dernier pour un road trip à travers le Sud de la France et le Nord de l’Espagne avec mon père, je n’aurais pas spécifiquement découvert que le vent qui soufflait là-bas était le Mistral… Et le voici dans le refrain ! Tout comme j’évoque aussi la Canebière, et ce pont également chanté en français est motivé par l’envie de m’immerger et de comprendre la culture française, la culture marseillaise, et la culture internationale en général. Tout ça m’a poussé l’année dernière à faire un effort pour apprendre cette langue, j’ai encore un long chemin à parcourir mais chaque jour est une nouvelle étape !
La chanson représente le désir de voyager, de découvrir de nombreux endroits, toujours nouveaux et uniques, de poursuivre des rêves et des ambitions. Pas seulement un lieu mais un sentiment, qui peut également être retracé et représenté par d’autres lieux pour chacun de nous. Je pense que nous avons tous un endroit ou plus à atteindre à travers un voyage qui nous fait nous sentir bien, et la chanson veut impliquer tout le monde dans la tentative d’atteindre son propre objectif, où qu’il soit. Dans notre cas, avec le nom du lieu qui a pu représenter tant de choses pour moi et pour les autres gars.
Pendant que je réponds à ces questions, nous nous préparons à revenir pour un concert ce vendredi 11 avril, première date suivant la release party : dans les choses simples, qui sont alors les plus belles, la vie peut être surprenante !
Enfin, finissons par évoquer la tournée qui a démarré fin mars par une date à la maison, au fameux Blah Blah de Turin pour la release party de Leap of Faith. Ensuite, vous allez revenir à Marseille pour une 3e date ici, accompagnés de The Dirteez que vous connaissez bien. Le lendemain, ce sera Tournon-sur-Rhône en Ardèche. Mais surtout la nouveauté totale, ce sont ces trois dates au mois de mai en Allemagne (Munich, Hanovre et Berlin). Qu’est-ce que tu peux me dire sur tout ça, notamment sur la recherche et la préparation des concerts allemands ?
IAN : Nous avons eu la chance d’organiser notre release party au Blah Blah, ce qui n’est pas une première puisque nous l’avions également faite ici il y a deux ans pour Pacific Ways. Nous l’avons encore faite à cet endroit et nous avons obtenu un super résultat avec une salle pleine d’ami·e·s qui nous soutenaient, nous n’aurions vraiment pas pu rêver d’un meilleur début : nous en ressentons encore l’énergie ! Et maintenant la suite, avec la route vers Marseille dans la foulée, deux semaines seulement après la release party : quel début de folie !
The Dirteez sont une belle référence à Marseille, ils jouent beaucoup, organisent des concerts, soutiennent la scène locale et les groupes extérieurs, et nous sommes très reconnaissants du soutien qu’ils nous ont apporté pour revenir jouer dans la capitale de la Provence. Pour Tournon-sur-Rhône, ce sera un nouveau bel endroit à découvrir en Ardèche en remontant le Rhône le lendemain, et on a hâte : ils nous ont beaucoup soutenus avec des passages sur leur web radio et de la promo sur leurs réseaux sociaux, ça va être très sympa !
Nous terminerons le week-end avec une date à Imperia le dimanche soir, de retour en Italie, juste de l’autre côté de la frontière et des Alpes-Maritimes, chez nos ami·e·s de Zà Records and Coffee. C’est agréable d’y être de retour pour conclure en beauté le troisième jour de tournée (et donc la location du van, à rendre le lendemain matin), en essayant de capturer les grands moments et les rencontres de ce voyage jusqu’au dernier instant possible !
… Et l’Allemagne, donc ! Il y aura de nombreuses et très belles dates qui suivront en Italie et que nous attendons avec impatience, et pour la première fois à la mi-mai nous serons en Europe centrale (une autre belle réussite), puisque nous serons à Munich, Hanovre et Berlin.
La programmation des dates a commencé à partir du moment où je me suis retrouvé à Berlin. En visite l’été dernier chez ma sœur qui vit là-bas, je suis allé directement frapper à la porte du Reset Club dans le quartier de Kreuzberg, riche de sa culture punk. C’était beau de faire ce « leap of faith » et de recevoir cet accueil et cette opportunité, nous en sommes extrêmement reconnaissants, et la tour de Berlin de la pochette commencera à se voir d’ici un mois !
Munich est arrivée grâce au groupe Sixelle (qui viendra en Italie le week-end suivant), et Hanovre c’est l’envie habituelle de jouer et de profiter au maximum du temps passé là-haut : on ne voulait vraiment pas entendre parler de jour off, alors j’ai envoyé beaucoup de mails et j’ai trouvé ! Ce sera un autre beau voyage. Ah, aujourd’hui on nous a confirmé Barcelone pour septembre : l’envie de découvrir l’Europe continue sur de nouvelles routes encore à explorer !
Pour conclure, si tu veux ajouter quelque chose, c’est ton moment !
Tout simplement, un grand merci à toutes les personnes qui ont été là, et qui seront là derrière chaque nouveau disque, concert, tournée, promo, soutien logistique : sans vous nous n’aurions jamais réussi à obtenir ces grandes satisfactions, ces beaux souvenirs et ces belles soirées durant ces neuf années. Nous ne le prendrons jamais pour acquis, nous ne cesserons jamais de le répéter.
« Mille sont les routes qui te poussent vers l’avant, mille sont les espoirs que le Mistral alimente. Allez ! » (N.D.L.R. : entre guillemets, phrases extraites – puis traduites – des paroles de la chanson Marsiglia)
Flatmates 205 en tournée en France pour le Leap of Faith Tour
Vendredi 11 avril 2025, Marseille – Leda Atomica Musique (+ The Dirteez + Le Carogne)
Samedi 12 avril 2025, Tournon-sur-Rhone – Le Point Commun
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